Le 08/08/2024 à 15:52

Savoie La vie « Extraordinaire » de Pierre-Marie Carella

Certaines personnes, du jour au lendemain, changent radicalement d’existence. Ils évacuent leur vie d’avant et épousent une nouvelle façon d’être, complètement différente. Cette métamorphose, Pierre-Marie Carella l’a vécue. Garagiste dans les années 2000, il gérait, dit-il, « une petite affaire prospère ». Il a tout abandonné au profit d’une chèvrerie dans les alpages. Un havre de paix au milieu de la forêt, que l’on rejoint à dos d’âne ou à pied.

Ce ne fut pas un coup de tête. Quand il revient sur les raisons de ce nouveau départ, Pierre-Marie explique : « Je ne supportais plus d’être complice du massacre organisé par l’industrie automobile. Il n’y avait pas encore les moyens technologiques dont on dispose aujourd’hui, mais j’avais calculé qu’une voiture empoisonnait 10000 litres d’air pour un litre de carburant utilisé ! » Et puis ajoute-t-il, « Je rêvais d’une petite maison dans la prairie pour ma famille, un endroit que je puisse, au lieu de piller les ressources de la planète, faire fructifier. En ces temps chaotiques, ce fut aussi un moyen de me rapprocher de Dieu ».

« Je ne suis pas devenu un ermite

20 ans après, il n’éprouve aucun regret. Bien sûr, il aurait pu avoir une villa, une piscine et de grosses voitures, « mais celui qui se contente de peu ne manque de rien sourit-il ». Ce serait mentir de dire que la transition a été facile, « j’étais novice, il a fallu m’adapter à un nouvel environnement et apprendre un nouveau métier. Mais je me suis accroché, et humblement, je peux dire que j’y suis arrivé. Je ne suis pas le meilleur fabricant de fromages au monde, mais comme mes chèvres vivent en liberté et ne mangent que ce qui leur plaît, j’ai un lait magnifique, d’une grande richesse ! » Il avoue, « je ne suis pas devenu un ermite qui vit à la lueur d’une bougie, j’ai une scie, une tronçonneuse, une moto… j’essaie juste d’avoir une consommation raisonnable ».

« Le bouc ne me court plus après »

Pour compléter ses revenus, il vend de la sève de bouleau au printemps et une portée de chiens par an. « Et depuis deux ans, j’ai adopté la lactation longue. Cela me permet de stabiliser la production de lait sur toute l’année. Pour cela, il m’a suffi d’enlever le bouc du troupeau ». Cette méthode présente plein d’avantages : les chèvres ne s’évadent plus, le bouc ne lui court plus après pour distribuer des coups de corne et la production de lait est constante : « Seul désagrément soupire Pierre-Marie, l’hiver, je n’ai plus de vacances puisque les chèvres ne font plus de petits ».

Chaque année, il avale 80.000 mètres de dénivelés pour remonter à pied chez lui, ce qui lui permet de minimiser ses soucis de santé… et donner des cours de danse deux fois par semaine à La Bâthie et Ugine. Salsa, rock, bachata. L’été, il propose aussi des p’tits bals qui attirent toujours plus de monde. Avec humour, il distribue ses conseils et sa gentillesse… et oublie la colère et la révolte qui grondent en lui. Le monde est dingue, alors Pierre-Marie a décidé de le rendre plus joli.

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