Stéphane, le papa d'Axel, se bat pour que son fils soit pris en charge de manière régulière et adaptée. 

Le 12/06/2024 à 10:52

Aix-les-Bains Face à la violence d’un enfant, la brutalité d’un système de santé déficitaire

La société est adaptée pour les enfants qui entrent dans les cases, elle devient fragile quand les mômes ont un handicap. Pour Axel, malgré toute la bonne volonté des institutions spécialisées, elle est carrément déficitaire et démontre le manque cruel en France d’une prise en charge psychiatrique adaptée et régulière.

​​​Dans le hall de l’hôtel, Stéphane tapote sur son ordinateur en sirotant un café. Chef d’entreprise, il gère une trentaine d’employés, mais à vrai dire cette obligation professionnelle n’est rien comparée à ses responsabilités parentales. Depuis qu’il est tout petit, son fils fait des crises de violence. Pas des petites. Il n’arrive pas à gérer ses émotions, sa frustration. Il tape. Casse. « Lorsqu’il avait six mois, se souvient son papa, je voyais bien que mon gamin avait une attitude bizarre. Un comportement inadapté se caractérisant par des accès de violence. A l’âge de 2 ans et demi, un pédopsychiatre nous a indiqué qu’on ne pouvait pas poser de diagnostic avant ses six ans »

« Même les soignants sont désarmés »
 Axel use ses maîtresses, ses avs, les salles de classes. Les écoles. Ses parents. Et c’est finalement dans le libéral que les médecins mettent des mots en face de son comportement. Beaucoup de maux. Une accumulation de dys quelque chose, un TOP, trouble de l’opposition et de la provocation, un TDH, trouble de l’attention avec hyperactivité, sans oublié HPI, haut potentiel intellectuel. Car Axel est intelligent, et le plus souvent, en guise de prise en charge, il a été placé dans des sections pour enfants déficients. Faute de mieux. Mieux que rien mais rien de mieux. « Mon enfant est une énigme, soupire Sandrine, sa maman. Même les soignants sont désarmés ». Il va d’institution en école. Et se fait virer car rares sont les éducateurs à pouvoir canaliser Axel comme seul son papa semble en être capable. La dernière tentative aurait pu être la bonne : une maison et 4 éducateurs pour 5 enfants. Il y entre au mois de novembre et s’en fait virer en mars après avoir causé pour 15000 euros de dégâts. « On paie, c’est normal, lâche Stéphane. Ce qu’il l’est moins, c’est qu’aujourd’hui, on ne nous propose plus de solution ». Et lui comme son ex-femme ne demandent pas le bout du monde, juste un bout de monde : « Plus que des éducateurs et des psychologues, c’est d’un suivi psychiatrique régulier dont il a besoin, livre Stéphane. On a cherché dans le public, dans le privé. Rien » « Au CMP d’Aix-Les-Bains, il y a un pédopsychiatre, précise Sandrine, mais il s’occupe de 400 enfants ».

« On met les moyens, mais pas au bon endroit »
Inlassablement, les parents d’Axel se battent. Son papa vient d’écrire au président, aux ministres et aux collaborateurs des ministres « il  a bien un moment où des connexions vont s’établir entre les services ». En attendant, il reste diplomate mais ne cache plus sa colère. Son ras le bol d’une société incapable de prendre en charge la violence pathologique de son fils. Et de l’apaiser : « Car Axel sait se contenir. Il va dans un club de pêche et ça s’est toujours bien passé, il aide même les petits » Pragmatique, il conclut : « Je ne peux pas dire, l’ARS met les moyens, mais pas au bon endroit. Elle préfère en faire un assisté plutôt que de trouver une solution médicale et permettre à Axel de s’intégrer à la société, d’y travailler et de payer ses impôts ».
 Il est fatigué, Sandrine est fatiguée : « Depuis dix ans, j’ai des hauts, des bas, raconte-t-elle, je suis hospitalisée quand je n’en peux plus. Axel est très violent avec moi, j’ai déjà effectué sept signalements auprès du procureur ».  

Le CMP d’Aix-les-Bains, l’Agence Régionale de Santé et le Centre Hospitalier de Savoie ont été contactés. Sans réponse. Stéphane livre que tout le monde travaille à des solutions… mais seront-elles suffisantes et adaptées ? Seul l’avenir le dira.
​​​​​​​
Johan Fabin

[ Aix-les-Bains ]

[ Santé ]